Apprendre à respirer ? Cinétique respiratoire ..
méthode et dessins de Blandine Calais-Germain – Anatomie pour le mouvement©
La respiration est avant tout la fonction biologique qui permet l’absorption de l’oxygène et le rejet du gaz carbonique grâce à l’appareil respiratoire. Cette fonction est soutenue par un système articulaire et viscéral : la cage thoracique et les poumons. L’articulation musculo-squelettique de notre respiration nous permet alors de « vivre le geste respiratoire » de manières très différentes.
Mais enfait, à quoi ça sert de respirer ?
A vivre, à respirer, à s’oxygéner, à rire, à pleurer, à parler, à chanter, à tousser. La respiration nous permet de jouer sur notre tonus musculaire. Elle nous permet de nous détendre, nous tonifier. La respiration accompagne les émotions, le plaisir, la douleur… Présente dans le corps central, elle accompagne également le mouvement moteur comme dans la danse ou la calligraphie.
Quelle est la bonne manière de respirer ?
Dans les pratiques corporelles, il existe de nombreuses consignes respiratoires qui se peuvent même se contredire les unes les autres. « Je lève les bras, j’inspire, je redescends les bras, j’expire.. » ou encore « j’inspire par le nez, je souffle par la bouche…« . Il peut alors être difficile de s’y retrouver et surtout de savoir quelle est la bonne technique de respiration ? En fait, il existe des traditions de techniques respiratoires selon les pratiques et les époques. La plongée, le chant, le yoga ou la sophrologie nous demandent ainsi des respirations bien différentes. De nos jours, la respiration abdominale est en vogue mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 70 la gym suèdoise avait le vent en coupe et prônait quant à elle les bénéfices des grandes respirations costales ! Ni l’une ni l’autre ne sont toxiques. Nous verrons ensemble qu’il est surtout intéressant de pouvoir naviguer entre ces différents type de respirations. Savoir changer de mode et cultiver un véritable jardin de la respiration.
Mobilité de la cage thoracique
A quoi ressemble la cage thoracique ?
La cage thoracique est formée en avant par le sternum – cet os plat, vertical qui peut être comparé à une cravate ou une épée. De là partent les douze paires de côtes qui se rattachent en arrière aux vertèbres thoraciques, le long de la colonne vertébrale. Dans la partie supérieure et interne de la cage se trouvent les deux poumons. Là se trouve le diaphragme, le muscle inspirateur principal. Souvent comparé à un bol renversé ou à une méduse, le diaphragme est une grande nappe musculaire qui s’attachent sur les parois internes de la cage thoracique.
La cage thoracique est comme un cintre sur lequel se suspend des « contenants » : les poumons et leurs plèvres, le diaphragme puis l’abdomen. Une cage thoracique à la fois ferme et souple est alors indispensable pour maintenir la posture, soutenir la respiration et accompagné le mouvement.
Poumons/diaphragme : quelles sont les forces mises en jeu ?
Les poumons se situent très haut ! Ils commencent juste au dessus des clavicules et descendent, plus ou moins jusqu’au niveau du sternum.
Les poumons sont une masse élastique qui revient toujours sur elle-même. Comme un … élastique !
Juste en dessous des poumons s’attache le diaphragme, le muscle principal de la respiration. Il est un muscle inspirateur qui, lorsqu’il se contracte, tire les poumons vers le bas. Les poumons s’allongent, se remplissent d’air, c’est l’inspiration. Lorsque le diaphragme se relâche, le retour élastique des poumons tire le diaphragme vers le haut qui remonte dans la cage, vers sa position de repos. Il poussent alors sur les poumons, l’air est chassé, c’est l’expiration.
L’inspiration est une contraction musculaire.
L’expiration est un relâchement musculaire.
C’est donc généralement sur l’expiration que nous travaillons la détente, la relaxation.
Pourquoi travailler la souplesse de la cage ?
De part leurs courbures et leurs minceurs, les côtes sont des os très souples qui permettent de moduler la forme du thorax. A l’avant, elles sont reliées au sternum par l’intermédiaire de cartilages costaux encore plus souples et élastiques que les côtes elles-mêmes. Anatomiquement, la cage thoracique est donc une partie très souple du corps. Cette flexibilité est entretenue par le mouvement respiratoire et d’une manière générale par la mobilité du corps entier.
La souplesse de la cage permet ainsi de libérer la respiration : amplifier ses volumes et ouvrir les espaces.
Le vieillissement et le manque de mobilité tendent à raidir et refermer ces espaces articulaires. Pour conserver la souplesse de la cage, il faut donc travailler dans le mouvement.
Rendre la cage vivante
Dans tous les espaces articulaires du corps se trouvent des capteurs sensitifs qui nous donnent des informations sur l’orientation du corps dans l’espace, notre posture, nos mises en mouvements… C’est en bougeant, en s’étirant que les capteurs sont réveillés et nous renvoient alors une conscience plus fine et claire de notre corps. Et donc de nous mêmes !
Travailler la mobilité de la cage thoracique permet donc de renforcer et de stimuler le schéma corporel, c’est-à-dire la conscience anatomique et posturale.
Ateliers d’Ouverture et de Conscience Respiratoire
Enrichir sa conscience corporelle
Développer la conscience anatomique est un axe que j’aime beaucoup travailler dans mes séances de psychomotricité. Le corps est notre premier espace. Mieux le connaitre c’est mieux se connaitre soi-même.
La conscience de notre corps enrichit notre expérience sensible. Grâce à l’observation de dessins nous pouvons nous représenter notre squelette, nos articulations et donc mieux comprendre notre mobilité ou notre ajustement postural. La conscience du corps permet ainsi de développer l’aisance et la disponibilité corporelle.
La mise en mouvement consciente du corps vient également affiner la sensation et la perception que nous avons de nous-mêmes. Alors situés entre la sensation et l’imagination, nous pouvons découvrir par le vécu notre propre organisation corporelle.
Le travail de conscience corporelle nous apprend à tourner notre regard vers l’intérieur et adopter une posture d’observateur / explorateur de nous-mêmes.
« Visiter son corps, c’est comme visiter le château de Versailles ! » nous dirait Blandine Calais-Germain.
« Ouf, je me sens mieux ! »
La respiration est un outil central pour de nombreuses pratiques corporelles. Comme nous l’avons vu, elle accompagne le mouvement, supporte la posture, libère les émotions.. En séance de relaxation en pleine conscience, elle est au centre de notre pratique. Prendre le temps de respirer en conscience, de naviguer dans nos différents espaces de respiration, travailler le souffle profond, le relâchement global … Les propositions respiratoires prennent alors des allures de passe-muraille permettant de transiter d’un état tonique à un autre, d’un état d’esprit à un autre.
Des mises en mouvement corporelles viennent soutenir cette conscience corporelle et ouverture respiratoire. Étirements musculaires au sol ou debout, auto-massages, réveil articulaires … sont autant d’exercices pour stimuler notre corporéité et notre proprioception. Mes livres d’anatomie sont également de réels alliés lors de nos séances. Nous prenons le temps quand il le faut de s’attarder sur les dessins des muscles, des os.. De les comprendre, les visualiser pour ensuite venir les faire vivre en mouvement dans notre propre corps.
Le relâchement musculaire, synonymes de détente, de calme et le repos, est également recherché. Cet abaissement du tonus musculaire s’inscrit petit à petit dans le corps et en douceur, comme une eau qui décante. Plonger en soi en lien avec une respiration consciente et reposé nous ouvre un monde d’infinies possibilités et de ressources.
Lola Fontana – Psychomotricienne Diplômée d’Etat.
Londres, Royaume-Uni.
**Tous les dessins sont tirés du livre de Blandine Calais-Germain « Respiration – anatomie du geste respiratoire » aux Editions Désiris, 2007.